Star Wars : La Revanche des Planos
Et voici l'épisode III de notre comparatif exclusif entre L'Enigme de L'Atlantide d'E.P. Jacobs et la saga galactique de George Lucas, La Guerre des Étoiles !
Dans ces films, un personnage énigmatique fait quelques apparitions remarquées, le chasseur de prime Boba Fett. Bardé d'armes et de divers gadgets, il traque les héros avec ruse et acharnement...
On remarque notamment sur son dos un "jetpack", dont il fait usage ponctuellement (voir Le Retour du Jedi - 1983) pour effectuer des bonds impressionnants, qui ne manquent pas de surprendre ses proies...Or ce propulseur individuel à fusées n'est pas sans rappeler
l'équipement dorsal équivalent des fameux Planos atlantes ! Néanmoins, sur le plan technologique, force est de constater qu'Edgar P. Jacobs est dans l'anticipation pure là où G. Lucas se contente de reprendre un procédé somme toute assez primitif.
En effet, l'auteur de BD belge ne donne quasiment aucun indice sur le type d'engin qui permet à ses personnages d'évoluer au dessus du sol ; tout au plus évoque-t-il "un léger ronronnement" accompagnant les déplacements des hommes équipés de planos*... Une enigme en soit : la science des Atlantes (1955) nous dépasse !
Bien qu'évoluant dans un univers futuriste et extra-terrestre, Boba Fett dispose d'un engin de vol autonome nettement plus rudimentaire si l'on en juge par les flammes que crachent les tuyères... Il est clair que dans la conception de ce personnage, George Lucas (et son équipe créative) était fortement imprégné par la culture populaire nord-américaine de la première moitié du XXe siècle (notamment la pulp culture), particulièrement riche en récits de science-fiction, si l'on en juge par la quantité de clins d'œil à cet imaginaire rétro-futuriste (qui échappent d'ailleurs à la majorité du public européen, notamment les jeunes générations, mais qui réjouissent les initiés...) qu'il se plaît à distiller dans la série de La Guerre des Étoiles.
Donc, loin de nous la tentation de le soupçonner de s'être inspiré des Planos d'E.P. Jacobs, car les références possibles abondent suffisamment aux USA : citons notamment le pionnier du genre, Buck Rogers (roman en 1928, puis comics, feuilletons radiophoniques et cinématographiques...), et le fascinant Rocket Man/Commando Cody ("serials" de la fin des années 40-début 50), deux héros dotés d'un réacteur dorsal (le dernier étant mû par l'énergie atomique ! )...
(*) On peut parier qu'il en est de même avec le planos dans l'esprit du créateur de Blake & Mortimer, compte tenu de la description qu'il donne par ailleurs des chars volants atlantes, équipés de "moteurs atomiques à répulsion électro-magnétique"... Pour revenir à Star Wars, les "vols" de Boba Fett sont pour le moins furtifs, contrairement aux planos, s'apparentant en cela aux véritables aeropak/jetpack/rocketbelt qui furent expérimentés (avec succès mais sans applications pratiques, ne serait-ce que pour des raisons d'autonomie trop brève - quelques dizaines de secondes - en regard de l'énergie dépensée...) aux États-Unis, à partir de la fin des années 50, pour le compte de l'Armée.
Néanmoins, ces engins spectaculaires firent (et font toujours) la joie des spectateurs dans des parcs d'attractions (Disney's Tomorrowland ), lors d'exibitions événementielles, ou dans des apparitions cinématographiques (comme dans le prologue sensationnel du James Bond Opération Tonnerre / Thunderball , en 1965). A noter que le propergol communément utilisé alors est de l'eau oxygénée concentrée (pas de flammes en sortie de tuyère) :
Notez enfin qu'on en apprend un peu plus sur Boba Fett dans l'épisode II de Star Wars, L'Attaque des Clones (2002), en particulier sur son père, Jango Fett, lui-même chasseur de prime redouté, dont il est le fils/clone adoptif (!), l'occasion surtout de mieux voir le fameux jetpack en action...
En conclusion, si les armes futuristes à rayon laser sont de mise tant dans L'Énigme de l'Atlantide que dans La Guerre des Étoiles, il faut reconnaître que l'approche technologique d'Edgar P. Jacobs, dans sa fantaisie apparente, s'avère ici plus cohérente dans sa modernité (et son mystère)... Mais G. Lucas n'en mérite pas moins notre respect et notre admiration pour ces références pertinentes et sympathiques, bien entendu !
Mr SMITH
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