L'Affaire des Autoportraits d'E.P.Jacobs
Relayée dernièrement par le forum Centaur Club et le blog Blake, Jacobs & Mortimer, une information concernant la mise en vente d'un document original d'Edgar P. Jacobs me fournit l'occasion d'une révélation complémentaire :
- la pièce en question est un calque préparatoire de la planche n°61 de l'Affaire du Collier, proposé par le marchand belge Alain Van Neyghen (www.9emeartgallery.com)...
Or, la particularité de ce crayonné réside dans sa dernière case où, manifestement, E.P. Jacobs s'est représenté en journaliste téléphonant à sa rédaction. En voici un aperçu (détail "optimisé" par nos soins) :
En définitive, à la publication, il apparaît que l'auteur a changé d'avis pour ne conserver que ses lunettes dans le dessin de ce personnage secondaire ...
Mais cela ne s'arrête pas là car, PAR AILLEURS, cette excellente aventure policière de Blake & Mortimer recèle quand même un autoportrait de Jacobs (planche n°35, dernière case) ! Cette fois, se rajeunissant quelque peu, le dessinateur abandonne ses épaisses montures et arbore une chevelure noire (dans la réalité, il lui arrivera aussi de se teindre les cheveux...! ), pour incarner un des adjoints du commissaire Pradier surveillant le joaillier Duranton. Malgré ce "travestissement", on reconnaît néanmoins les traits caractéristiques de l'auteur belge (et aussi son imperméable...)* :
Une série de photos effectuées pour la préparation de l'Affaire du Collier ** nous montre d'ailleurs un Edgar P. Jacobs posant chez lui dans plusieurs rôles, avec beaucoup de conviction (ce qui démontre encore, si besoin était, son implication totale et son talent de comédien-metteur en scène ! ) . Celle-ci notamment s'en approche assez (même si elle a avant tout servi pour une vue de Pradier à la planche 25...) :
Une raison supplémentaire pour redécouvrir et apprécier à sa juste valeur cet album innovant et sophistiqué, trop souvent mésestimé ( et qui, en tous cas, surclasse sans mal toutes les reprises, à commencer par la dernière en date à l'intrigue policière poussive et au graphisme languide ! ) ...
(*) On notera aussi l'analogie frappante entre les deux cases en question, E.P.J. incarnant des personnages en pleine communication (téléphonique/radiophonique), tous deux en fin d'une page...
Ainsi, un peu à la manière d'Hitchcock dans ses films, Jacobs s'est donc amusé à s'intégrer furtivement dans cette aventure, au demeurant très cinématographique ! Mais il a finalement opté pour une figuration plus discrète, en se donnant subtilement quelques années de moins (peut-être aussi par coquetterie ?! ) ...
Et pour convaincre les plus sceptiques (que je ne blâme pas puisque le dessinateur a volontairement évité l'évidence flagrante), j'ai réalisé un petit montage simplement avec les lunettes du journaliste de la pl. 61 sur le visage de l'inspecteur de la pl. 35, en grisonnant les cheveux de ce dernier (remarquez au passage l'alliance comme en portait Jacobs) :
Mr SMITH
(**) Clichés que l'on peut voir notamment dans le T. 2 de "Egdar P. Jacobs, Biographie du père de Blake et Mortimer", par Philippe Biermé, aux Éditions de l'Âge d'Or ©2010
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